« Il n'y a pas de caractères dans le théâtre racinien,
[…] il n'y a que des situations. »
Roland Barthes, Sur Racine (1961).
Phèdre est un corps qui s'affaisse. Œnone, un corps qui refuse au premier son abandon. Ce spectacle, conçu en forme d'étude, à la fois chorégraphique et théâtrale, interroge le corps racinien. Il a pour but d'explorer – et d'épuiser – la musicalité des relations entre ces deux figures indissociables que sont Phèdre et Œnone.
Pour cela, j'ai voulu travailler sur la scène 3 de l'acte I – sur cette seule scène.
Parce que c'est une scène d'aveu, peut-être la plus célèbre, où Phèdre, sortant de l'obscurité de sa réclusion, paraît pour la première fois.
Parce que cette scène amène à la lumière celle qui va parler, portée par celle qui écoute, l'une mourante de n'avoir pas encore dit, l'autre effarée d'entendre l'indicible jusque-là refoulé.
Parce que cette scène met ces deux corps à l'épreuve.
Celle, fatale, de la vérité.
Pierre-Benoît Duchez
Photo : (c) Mariam Sitchinava, Cinnamon.